WASL |
Poèmes de Hassan Najmi
Traduction Mounir Serhani
Partons là-bas
Partons là-bas
Revenons encore là-bas
Pour voir les amis
Et aimer le palmier poussiéreux une deuxième fois
Et les barques flottantes de Dijla
Ami, partons là-bas Revenons là-bas encore
Pour chercher une vie enfouie sous les décombres
Et si tu veux, nous mourrons ensemble là-bas
Chanson au luth de mon père
Je suis en toi.
Et tu es en moi,
Nous avons bu la coupe de nos âmes.
Ma main dans la tienne, mon père.
Ton bois tient à moi,
Ô mon père comment as-tu conçu ce luth ?
Comme si tu l’avais fendu de mes os
Que tu l’avais improvisé une ombrelle au-dessus de moi ?
Ô mon père la marche est tienne.
Le pas est mien et mes mains tiennes.
Je marche et je tripote ton touché.
Et je sais que tu es là-bas, nostalgique.
De mon Andalousie.
Et moi, ici- je joue ton Andalousie.
O mon père- ton Andalousie !
Ô Beauté
Ô toi,
Ton amour, ô beauté,
Mon cœur a débordé
Devient deux cœurs
Un cœur pour vivre
Un cœur pour t’aimer
Ô nuit, ô nuit
Rappelle-moi ta voix
Ô beauté
Je ne crains que l’oubli
Laisse-moi rêver de toi
Caresser ces mains
Et mettre mon âme à l’épreuve
Qu’elle devienne deux âmes
Ô nuit
Ô toi
Rêves
J’ai rêvé de toi, hier j’ai rêvé de toi aujourd’hui
Je te promets de rêver de toi chaque jour
J’ai rêvé de toi dans une terre déserte dans une ville
J’ai rêvé de toi dans un navire
J’ai rêvé de toi, joyeux
J’ai rêvé de toi égaré, perplexe
J’ai rêvé de mes mains dans les siennes
Et l’exil est dur et pour moi et pour toi
J’ai eu un tas de rêves
Des nuits éclatantes de l’obscurité des jours
J’ai rêvé que tu m’appartiennes et que je t’appartienne
Et que je meurs, ô mon amour, entre tes bras
J’ai rêvé que le navire me fasse revenir
Que tu pleures, et moi, une larme dans tes yeux
Je te promets de m’en faire pour toi chaque jour
Ma vie avec toi est toute entière rêve
Et me voici, je l’égrène jour par jour
Où suis-je allée ?
Où suis-je allée ?
Où ai-je quitté mon âme ?
Les gens se délectent dans leurs amours
Et moi, je remédie à mes plaies
Aucun désir ne me réveille de mon somme
Aucun exil ne m’attendrit
Aucune patrie ne me rend à mes gens
Où suis-je allée ?
Ô ! Où suis-je allée
Où ai-je quitté mon âme ?
Poèmes de Salman Masalha
Traduction Rania Samara
Hantise
Seigneur ! L’amour me dévaste
Pardonnez mes péchés au tribunal des âmes …
Le visage lumineux de mon aimée m’apparaît
furtivement
L’amour est éphémère…
Mais qui voit mon tourment ?
Son regard tendre rythme ma musique
La nostalgie bouleverse mon cœur.
Toute ma vie j’ai porté ce lourd secret
Ma journée dans l’ivresse et ma nuit dans le vin.
Mes hantises n'en finissent pas, ma tête s'incline
Seule me console la boisson; ami, verse-moi à boire!
Je ne suis qu’un pauvre paysan,
je dissimule mes sentiments
La tristesse est mon lot ; vient le temps du repos.
Depuis si longtemps
M’amie, ô m’amie, où ce chemin me conduit-il ?
Depuis si longtemps, j’avance lentement.
Mon cœur ignore où la belle est partie
Elle qui oublia le chemin du puits.
Depuis si longtemps, j’avance lentement
Nous étions semblables à deux colombes enchaînées
M’amie, mon dos s’est courbé
Et mes dents se sont dispersées.
M’amie, ô m’amie, où ce chemin me conduit-il ?
J’ai le cœur écartelé
Une partie se consume dans la séparation, en haut
d’une colline
L’autre erre sans ailes à la recherche de sa moitié.
Depuis si longtemps, j’avance lentement
J’ai le cœur serré, je suis désespéré
Les deux colombes immolées
Tant de fois, ma langue s’est enflammée.
M’amie, ô m’amie, où ce chemin me conduit-il ?
Que nous est-il arrivé, ô m’amie ?
Notre pays s’en est allé…
Que le destin épargne le vôtre
La nuit scindée en deux m’a laissé désemparé. Qu’ai-je
fait, ô m’amie ?
Je voudrais tant pouvoir disparaître !
Incertitude
Suis-je tourmenté par ceci ? Suis-je tourmenté par cela ?
Me serait-il donné de voir mon aimée,
ou est-ce que je divague ?
Où est mon chemin ? Où sont les chemins ?
l’incertitude du couchant s'empare de moi
Je n’étais qu’un écho, il s’est dissipé… a succombé
L’espace s’est anéanti… et m’a laissé tout meurtri.
Suis-je par l’amour consumé ? Suis-je la félicité ?
Puisse m’entendre celle qui a disparu !
Elle m’a croisé alors que j’étais en chemin
Traversant un col, en route vers mon déclin.
Chargé du fardeau du temps - ardent nuage
Enveloppé de brouillard, errant aux quatre vents.
Pourtant, j’étais bien loin
Quand l’obsession de la camarde s’est imposée.
Suis-je ici ? Suis-je là-bas ?
Elle est moi, et moi… je suis un autre.
Leïla
En voyant les tourments dissimulés dans ses yeux
J’ai prévenu mon cœur contre la braise de son regard.
J’ai mis Leïla en garde contre les dangers :
Les soucis blessent les regards des humains.
Elle a esquivé, puis m’a lancé un regard
qui a pris mon cœur dans les filets de sa folie.
« Ô Toi qui a gravé l’injustice dans la terre des Arabes !
La mort a débordé et la justice nous a tourné le dos.
Que serait-il arrivé si le tyran s’était enfui
Pour que les gens vivent, que leurs regards s’illuminent ? »
En voyant ses larmes apparaître et couler
J’ai compris qu’au fond de ses prunelles, je m’étais noyé.
J’ai murmuré à son oreille : Soyons amis, Leïla,
L’affection est notre seule option ici-bas.
« Les larmes du cœur sont une mer
et mes yeux se sont taris. »
Renonçant soudain à ses doutes, elle a souri...
Orientale
Le lourd fardeau de l’Orient ensanglanté
pèse sur mes épaules
Cette nuit, la rosée de mon pays s’est asséchée dans mes yeux
Comment pourrais-je vous confier
le chagrin qui me dévaste ?
Dans la contrée où j’ai grandi,
j’ai vu l’horreur prospérer en secret
Je l’ai vue détruire mes proches, les pousser à l’exil.
Je ne sais à qui m’en prendre,
à l’ange de la mort ou bien à la fierté ?
« Ô corbeau de la désunion !
Ne ravive pas mes blessures ! Cesse de me poursuivre !
N’ai-je pas payé ma dette en étant séparé de mon
aimée ? Dis-moi où…où emportes-tu mon âme ? »
J’ai abandonné l’Orient, j’ai quitté le temps d’antan
qui fascina tant d’esprits émus par jadis et par naguère
Je n’ai laissé échapper que l’écho des murmures,
lourds, écrasants.
J’ai parcouru l’Occident espérant vous confier mes
tourments et vous confesser ma vie qui, dans le rêve,
s’est écoulée
Rêve qui, aujourd’hui, s’est dissipé.
Ma voix éteinte se révèle sans espoir
Hélas ! Hélas….
Ce programme a bénéficié d’une aide à l'écriture d'une oeuvre musicale nouvelle originale de l'Etat.